La Police Academy Américaine sort de terre grâce au Turc Bozdemir
Le département d’État américain a donné le coup de départ de la construction d’une académie de police à Enfidha, en projet depuis 2012.
Les officiers tunisiens pourront bientôt défiler à la Police Academy dont le département d’État américain va financer la construction à Enfidha, sur la côte est du pays. Évoqué depuis 2012, maintes fois retardé du fait de l’instabilité de l’exécutif tunisien, ce chantier va finalement pouvoir démarrer. Le 15 juin, le Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) du département d’État, maître d’ouvrage du chantier, a débloqué une première tranche budgétaire au profit de la firme de BTP Turque Bozdemir, retenue en septembre dernier pour construire ce campus policier. La date prévisionnelle de livraison a été reportée de février 2021 à novembre 2021.
Ce marché, dont le coût a déjà été revu à la hausse, passant de 15,8 à 16,3 millions de dollars, était initialement réservé à des contractors américains. Aucun ne s’étant mis sur les rangs, le département d’État s’est donc rabattu sur Bozdemir. Cette société a beaucoup travaillé pour l’armée américaine en Afghanistan, mais a aussi réalisé un centre d’entraînement au Ouzbékistan et renforcé la sécurité des bâtiments diplomatiques américains au Botswana, en Afrique du Sud, en République tchèque, etc. Son expertise sécuritaire ne sera pas inutile au pays du jasmin, où l’ambassade américaine a de nouveau été visée, en mars, par un attentat-suicide.
L’académie de police d’Enfidha, qui se déploiera sur pas moins de 82 hectares, comptera une trentaine de salles de classe, un amphithéâtre et des logements pour plus de 500 étudiants. Il devra permettre, à terme, de recevoir 1 800 élèves par an. Au total, Washington prévoit de dépenser plus de 50 millions de dollars pour réaliser cette infrastructure. Rien n’est trop beau pour muscler la coopération sécuritaire avec la Tunisie. Les États-Unis prodiguent déjà équipements et formations aux policiers, à la Garde nationale et même à la direction générale des prisons et de la rééducation (DGPR).
Sur le plan militaire, la relation est aussi au beau fixe. Même si Washington n’a pas encore débloqué de fonds pour l’achat d’avions d’attaque Wolverine, il devrait offrir quatre Cessna de surveillance – dont deux armés (Africa Intelligence du 28/02/20), qui s’ajouteront aux douze avions de surveillance des frontières Maule MX-7 livrés en 2016, aux drones ScanEagle offerts depuis 2012, etc. Outre cet appui matériel, le Pentagone a décidé, suite à l’escalade militaire en Libye, de renforcer son propre détachement de drones, déployé sur la base de Sidi-Ahmed, près de Bizerte.
Source: Africa Intelligence Édition 01 Juillet 2020